Grand-mère

Contexte social

7:07 min. - Michèle, la fille de la grand-mère, mentionne l’importance de la transmission des valeurs traditionnelles à sa descendance, particulièrement celles liées au territoire. Son compagnon de vie et père de son enfant, un Huron, est très près de ces valeurs.

Transcription

Evelyne St-Onge - Aujourd'hui, je suis ici pour me faire pardonner de ne pas avoir su transmettre la langue innue. Je reviendrai transmettre la langue à mes petits-enfants, quand je prendrai ma retraite. Je suis triste de ne pas l'avoir déjà fait.
Michèle Audette - Quand Jean-Philippe m’a appris qu’il allait en forêt, j’étais étonnée. Moi dans ma tête la forêt, c’est Schefferville ou Port-Cartier. Il m’a dit, oui nous allons dans le bois, à la chasse, à la trappe, à la pêche. J’étais surprise qu’il le fasse encore. Il m’a amené sur son territoire et tout à coup, il est devenu encore plus beau et plus fort, comme j’ai toujours voulu. Il m’a amené voir son camp de trappe et tout son territoire. J’ai compris que Jean-Philippe en savait plus que moi et qu’il devait transmettre à nos enfants les connaissances afin qu’ils survivent dans le bois.
J’ai été élevée à Montréal dans un concept blanc et un système blanc… mais j’ai l’air innue physiquement, n’est-ce pas ? J’aurais tellement aimé être dans une classe où l’on peux nettoyer un castor, arranger une outarde, apprendre les histoires de notre territoire. Je me suis dit : Alors c’est encore à recommencer, à refaire. C’est un autre cadeau que tu m’as donné à force de te voir aller.
Même si je ne parle pas innu, je peux être une bonne personne pour défendre ma culture. J’ai vécu ce métissage et je sais que ça fait mal… À Wendake, ils m’ont demandé de signer une pétition pour que la langue huronne s’enseigne à l’école. Je suis tout à fait d’accord.
Avant, je ne pouvais pas différencier culture québécoise et culture innue. Quand je voyais la nourriture sur la table, le caribou dans le salon, l’artisanat, le tambour, le makusham… ou encore quand j’allais à Montréal, le métro, la ville et tout ce que l’on trouve en ville faisait aussi partie de moi.
Un moment donné, j’ai été capable de différencier. Un jour mes fils Uapen et Amun viennent me voir, j’étais dans une réunion et je les avais amenés. Dans cette réunion il y avait au tout début des danseurs traditionnels mohawks. Alors mes deux fils viennent me voir tout excités. « Maman, maman il y a des danseurs indiens ici. » J’ai dû leur faire comprendre que eux aussi étaient Indiens, Innus. C’est à partir de ce moment-là que je me suis dis que j’avais manqué quelque chose, je n’avais pas tout compris. Je me suis rendue compte que c’est au quotidien que l’on doit vivre et apprécier sa culture.
En plus, ma mère a cette connaissance-là et moi pas. Si jamais elle meurt, qu’est-ce que je vais pouvoir transmettre à mes enfants? Oui, je suis à l’aise avec la couture et le travail manuel. Te voir aller dans ce travail-là, me fait du bien.
Il faudrait qu’Anne-Marie soit là pour nous enseigner l’innu aitun et toi, ma mère, pour nettoyer les peaux, ça serait formidable. On pourrait faire des sessions d’automne à chaque année. Jean-Philippe et moi serions les premiers à venir, et en avant de la classe!
Musique - Kathia Rock


1 commentaire

Josée Dupuis il y a 12 ans, 5 mois

Tshinashkumitin Merci

Un grand merci pour toute ces histoires ,ces partages ça fait du bien ,comme un savoir qui serait enfouie au fond de moi et qui se réveille, je ne suis pas innu pour 5 cent mais j'aime votre culture et aimerais en apprendre plus si vous acceptez des blanches dans vos cercles envoyez moi un p'tit courriel .Je travaille avec des enfants et j'aimerai s tellement leur apprendre l'essentiel.
Merci ,Josée Dupuis Prévost,Laurentides .


(*) Champs obligatoire





ou



Haut de page