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Grand-mère

Accouchement et médicaments

9:41 min. - Chaque nation a sa façon de faire et utilise des médicaments propres à son environnement immédiat lors de l’accouchement.

Transcription

Laura Pinette - Toi qui as donné la vie aussi, comment ça s'est passé?
Evelyne St-Onge - Ton père fut le premier enfant, je l'ai bien pris. Je l'ai aimé tout de suite, j'étais en forme.
Laura Pinette - Tu l'aimais déjà dans ton ventre?
Evelyne St-Onge - J'ai eu une belle grossesse et ça fait de ton père un homme calme et doux. Je ne me souviens pas de mon accouchement. À mon arrivée à l'hôpital on m'a donné une injection et quand je me suis réveillée, c'était fini, j'avais un garçon. C'est déjà fini? Et le médecin m'a dit oui. Je lui ai demandé pourquoi on m'avait endormie. Il pointa les infirmières... J'ai dit alors: « Laissez faire, je vais en faire un autre. »
Uatnan c'est quand tu tousses. Tu peux l'utiliser aussi pour un enfant. Tu le tailles à cet endroit. Tu le fais bouillir et tu enlèves cette partie. Et tu l'attaches avec une corde. Tout le monde peut en boire. Tu en donnes à l'enfant qui a la toux avant de s'endormir. Ce n'est pas un médicament dangereux.
Martha Cajias - Une femme m’a spécialement marquée : elle était déjà âgée quand je l’ai connue. Elle est décédée 5 ans après notre première rencontre. Elle m’avait dit qu’elle ne pouvait plus compter combien de femmes elle avait aidé à accoucher tellement il y en avait.
Elle était née à Piacha. Sa sœur jumelle, qui avait un retard mental, vivait toujours là-bas.
Ce qu’elle m’a raconté lui était arrivé étant très jeune. Sachant qu’une de ses voisines était sur le point d’accoucher, elle sentit quelque chose de très fort qui lui disait qu’elle pouvait apporter son aide pendant l’accouchement. De ce fait, elle est allée et a donné un coup de main. Elle m’a dit que c’était comme quelque chose qu’elle connaissait déjà. Puis, qu’elle avait commencé à palper le ventre de la femme et qu’elle savait dans quelle position était le fœtus. Sachant qu’il allait y avoir des complications, elle s’est mise à lui frotter le ventre.
Elle m’a dit : « C’est quelque chose qui m’est venu comme ça! »
Elle avait cette conscience-là.
Je lui ai demandé si c’était quelque chose qu’elle avait appris de sa mère ou d’une tante. Parfois aussi les grands-mères leur enseignent. Mais elle m’a dit que non, que c’était le Seigneur qui lui avait donné ce don.
Evelyne St-Onge - On nourrissait le bébé, on l'enveloppait et on le déposait dans un berceau. Aussitôt né, aussitôt enveloppé, pour éviter le choc de l'extérieur. Le bébé aura alors l'impression qu'il est encore dans le ventre de sa mère.
Louise McDonald - Quand approche la naissance de l’enfant et que tu arrives à peut-être trois ou quatre semaines de l’accouchement, il y a un médicament spécial qu’on utilise, qui vient de l’orme rouge (ou orme indien). Il existe un arbre mâle et un arbre femelle. On trouve un arbre femelle, dont l’écorce est tendre. Ce sont les hommes de ta famille qui vont chercher ce médicament pour toi. Son utilité est de faciliter le passage du bébé dans le vagin à l'aider à sortir plus facilement. Ils mesurent ton torse d’ici (du sternum) jusqu’à ton pubis et ils entaillent l’écorce pour en retirer une bandelette de la longueur de ton ventre. Ils la déchirent toujours vers le bas, puis ils l’enroulent et la rapportent à tes parentes féminines – que ce soit ta mère ou ta grand-mère, une aînée ou une femme qui sait comment faire dans ta communauté – qui préparera ce médicament pour toi. Ensuite, tu continues à boire ce médicament jusqu’au moment de l’accouchement. Tu commences par une tasse par jour, et ensuite, tu augmentes la dose jusqu’à, disons, trois tasses par jour, jusqu’à la date prévue de ton accouchement. C’est le médicament que l’on utilise dans ma famille depuis plusieurs générations.
Anne-Marie André - Le nom de l'enfant a un lien avec le jour, le mois, l'événement qui a marqué sa naissance.
Evelyne St-Onge - Le nom de l'enfant avait aussi un rapport avec les animaux.
Anne-Marie André - Ça se passe encore comme ça aujourd'hui.
Femme - La plante qui s’appelle « Oroumo » c’est pour la douleur et quand tu ne réussis pas à enfanter. Alors, tu prends cela. Et l’autre, c’est pour la douleur et pour pouvoir accoucher plus rapidement, Combalomba. Cette plante médicinale sert aussi pour le mal de tête, pour que tout se passe bien pour le bébé et pour la maman.
Evelyne St-Onge - On pouvait accoucher debout, allongée et on se servait de la mousse de marécage pour éponger le sang et aussi comme couche pour le bébé. Tu enlèves tous les petits morceaux de bois. Tu le trempes dans l'eau pour enlever les bibittes. Vois-tu la bulle là-bas? Après l'accouchement, on appliquait à la mère un cataplasme de gomme de sapin pour soigner l'intérieur du ventre de la mère. Sais-tu comment on appelle le placenta? L'oreiller du bébé.
Musique - Kathia Rock


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