Histoire

Noat Einish - Mon nom est Noat Einish, je suis Naskapi, nous sommes les derniers nomades du Québec à nous sédentariser.
La population de Kawawachikamach est d'approximativement 740 personnes, la communauté est située dans le nord du Québec. Nous avons souvent lu des documents à propos des Naskapis, il est temps que nous vous racontions notre histoire.
Joe Guanish - Autrefois, les Naskapis habitaient à Fort-Chimo. Notre grand-père racontait qu’on leur disait que c’était une terre dénudée, qu’il n’y avait pas de vison.
Un jour, un fonctionnaire chercha un territoire propice pour le vison, la martre, la loutre.
Finalement, on trouva un emplacement à Fort Mckenzie, il y a eu des constructions, ce fut notre premier déménagement de Fort Chimo.
Je me souviens quand nous étions à Fort Mckenzie, les gens nous disaient de retourner vers la mer, de laisser cet emplacement sur une période de 5 ans afin d’augmenter la présence des animaux, j’ai vu cet événement.
Moi, à ce moment, je travaillais pour la prospection minière. Un fonctionnaire disait qu’une mine a été découverte, « les ainés peut-être connaissent-ils cet endroit? » disait ce fonctionnaire. Notre grand-père le savait déjà; notre grand-père disait avoir rencontré des Innus de Uashat à cet endroit.
Je te racontais au sujet de fort Chimo et Fort Mckenzie, les Naskapis chassaient partout dans le territoire. Il y avait des rencontres avec les Innus d'Utshimassit, de Tshishe-shastshit, de Uashat de Nitshikuan, et les Cris de Fort Georges et ceux de Wapamekoshtukui. Les Naskapis étaient situés au centre, il y avait des rencontres entre eux. Les Indiens venaient faire leurs provisions à Fort Mckenzie, c’était plus près pour eux, les Naskapis allaient acheter des balles, des allumettes, c’est la Compagnie de la Hudson Bay qui gérait.
Ceux de notre âge ne touchaient pas au thé des aînés. C'était du thé très noir. Les jeunes buvaient du bouillon soit au poisson, au cœur, à la viande et aux os. Avec cette nourriture, il était bon pour marcher durant plusieurs heures sans ressentir la faim.
On n’entendait pas parler des maladies dans ce temps-là, aujourd’hui il y a beaucoup de maladies graves. Les Naskapis faisaient eux-mêmes leur médecine avec les fruits sauvages, les fleurs, le bois, ils pouvaient les cueillir n’importe où. Aujourd’hui l’Indien rencontre beaucoup de problèmes comme la maladie.
Autrefois, les causes de décès étaient la noyade et la famine, et aujourd’hui, les femmes ont plus des difficultés pour les accouchements.
On nous avise qu’un minerai est découvert, ce minerai est vendu pour en faire du métal, c’est ce qu’ils nous ont dit. Ils rajoutent que nous irons là-bas, nous recevrons une éducation et il y aura du travail. Nous resterons à cet endroit, il y a du travail pour cent ans, c’est ce qu’ils disent. Les enfants iront à l’école, vous recevrez de l’argent pour eux, vous recevrez la ration et une pension pour les ainés. Il y avait une police, c’est lui qui la faisait la distribution.
Il y a eu un déménagement, notre second déménagement. Nous étions à Fort Mckenzie. Après une année, nous avons descendu vers la mer après un an d’occupation, nous avons chassé la martre et le vison. La population de ces animaux n’avait pas augmenté pendant les 5 ans. Nous avons été consultés afin de déménager ici, le chef Nuah Moakosh disait que les aînés seraient transportés en avion et les autres iront en canot tout en cherchant leur subsistance. Le premier emplacement occupé à Knob Lake était près de l’aéroport, ils avaient des tentes et ils étaient avec les Innus de Uashat.
Nous quand nous sommes arrivés, l'emplacement était déjà au Lac John, notre voyage a duré de 2 à 3 mois. Finalement, en 1956, nous avons eu des maisons, il n’y avait pas d’électricité, ni l’eau, nous chauffions avec l’huile de chauffage, nous allions chercher l’eau au lac. La situation était semblable pour les Innus de Uashat.
La compagnie amenait de grandes boites en bois carrées, nous faisions des cabanes avec cela. Quand nous sommes rentrés dans ces maisons, nous n’étions pas à l’aise, nous, nous avons toujours habité dans des tentes, nous n’aimions pas ça, on se sentait pris, nous étouffions, nous étions plus prédisposés à être malades. On nous annonce que nous déménageons à Matimekush. Nous pourrons dire que nous avons été déplacés souvent d’un endroit à l’autre. Ça nous dérange partiellement, nous avions l’habitude de parcourir le territoire et nous étions libres dans ce territoire.
Musique - Philippe Mckenzie

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