Point de vue innu

Histoire

7:55 min. - Beaucoup de visiteurs passent par le port de Brest sur la Basse-Côte-Nord.

Transcription

Narration - Notre histoire commence en Amérique du Nord, il y a environ 7 000 ans, le nord se réchauffe après une longue glaciation. Venus du sud, les Innus s’installent un peu partout sur ce qui s’appelle aujourd’hui la Côte-Nord du Québec, notamment en Minganie. Pendant 7 000 ans, ils y vécurent dans l’harmonie, heureux d’être les gardiens d’un si beau territoire. Les premiers visiteurs qui se pointèrent furent les Inuits venus du Grand Nord qu’un phénomène de refroidissement avait poussés vers le sud en quête de baleines et de loups marins. D’abord sur les côtes du Labrador, puis de plus en plus vers le sud, jusqu’à Tadoussac, les nouveaux visiteurs Innuits ne restent sur le territoire que quelques centaines d’années. Le partage des us et coutumes entre Innus et Inuits ne se fait pas très bien et on assiste à une guerre mémorable sur l’île aux Esquimaux en Basse-Côte-Nord en 1640. Puis, des visiteurs européens viennent de plus en plus sur le continent. Les Vikings vers l’an 1000, le Norvégien Paul Knutsson en 1360, l’Écossais Henry Sinclair en 1398. Des pêcheurs, des baleiniers et des morutiers basques, portugais, français ou espagnols franchissent le détroit de Belle-Isle et commercent avec les Béothuks en 1420. Après, c'est le tour des explorateurs, venus de France, d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre et de Hollande. Ceux-ci cherchaient une voie d’accès à l’Asie et à ses richesses, un accès qui ne devait pas être si loin! Et la nation qui le contrôle va devenir très riche. Le navigateur Giovanni Caboto déclare que ces terres appartiennent aux Britanniques. L’Italien Verrazzano prend officiellement possession de Terre-Neuve et du Labrador, au nom du roi de France. Au nom de celui-ci, au nom de celui-là, on prend possession. Ils sont décidément très étranges ces visiteurs. Ils ont la manie de prendre possession de chaque morceau de terrain qu’ils voient. Faut savoir que de l’autre côté de l’océan, en Europe, à cette époque la situation n’était pas reluisante et les nouveaux arrivants sont pour la plupart des malheureux qui fuient la peste, les brigands, l’intolérance et les guerres. Les premiers établissements permanents apparaissent dès 1500. D’abord à Terre-Neuve et ensuite plus près de nous en Minganie, le village de Brest, qui avec ses 200 maisons et sa population variant entre 1 000 et 3 000 personnes, est probablement le centre commercial le plus important au nord de Mexico. Ses résidants sont Bretons, Basques, Normands, Anglais, Portugais, Innus, Micmacs et Béothuks. Outre le métissage certain, car aucune Européenne ne fait partie des voyages, on assiste alors en Minganie aux premiers échanges entre Européens et Indiens, produits locaux contre des objets de métal. Pas surprenant que Jacques Cartier rencontra à Natashquan un Européen du nom de Thiennôt qui, depuis belle lurette, vit avec les Innus. Pour les Innus, il est normal de voir défiler, à chaque belle saison, ces bateaux de bois venus de si loin. Ils savent que les êtres malades et crasseux « mais avec de beaux vêtements quand même » voudront leur échanger de la nourriture, des médicaments ou des fourrures contre des haches, couteaux, tissus.
Fiction - Mais que cherche Jacques Cartier… Les Indes?
Agathe Pietacho - Regarde là-bas. Des visiteurs blancs.
Philippe Pietacho - Les femmes, allez vous cacher. Vite!
Jacques Cartier - On a l’air ridicule, allez! Nom d’une pipe! À l’heure du protocole, se comporter comme un amateur. Doucement Gontran!
Au nom de François premier, roi de France et de notre sainte mère l’Église catholique, nous prenons possession de toutes ces terres.
Ushtikuanashik et Utshepetui - Des amis royalement métissés - Il a l’air comique! Fais attention à lui.
Il n'a pas l'air très malin.
Evelyne St-Onge - On les a accueillis chez nous, on les a accueillis dans ce nouveau territoire, on les a introduits, on les a soignés. Et finalement, on ne s'est même pas rendu compte qu'ils prenaient possession de tout ce que l'on avait.
Agathe Pietacho - C'est qui?
Philippe Pietacho - Je ne connais pas ces gens-là.
Evelyne St-Onge - Les innus étaient un peuple nomade et ils pouvaient se déplacer à travers le territoire. Il n'y avait aucune frontière. Les repères étaient la montagne, tel lac. Les innus se déplaçaient en indiquant les lieux et ils se déplaçaient librement dans ce territoire. Et aussi, il fallait qu'ils survivent et pour survivre il faut que tu te déplaces. Il faut que tu ailles chercher ton caribou, le lièvre, la nourriture, le poisson. C'était un peuple nomade qui suivait l'animal, le caribou, le castor, le porc-épic. Le printemps et au début de l'été, ils venaient vers la mer pour les canards. On suivait vraiment le cycle des animaux. Et encore, on le fait. C'est encore très présent le fait de suivre le cycle des animaux.
Narration - Tout ce va-et-vient amène beaucoup d’hommes et pas de femme, ce qui provoque un débalancement dans les populations. Il n’est donc pas surprenant d’entendre parler de vol de femmes entre Innus, Inuits et Micmacs.
Philippe Pietacho - J'ai entendu cette histoire au Havre-Saint-Pierre. J'étais jeune. C'était l'époque où les Micmacs et les Inuits venaient voler des femmes innues. Une nuit, les Innus ont retrouvé les voleurs de femmes, les ont tués, leur ont tranché le pénis qu'ils ont collé sur un rocher. Ils ne sont jamais revenus...
Musique - Philippe Mckenzie


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