Innu-aimun

L’ethnologue canadien Michael K. Foster (1982) écrivait, au sujet de la langue innue, qu’elle était apparue « bien avant que les canards, les perdrix et les sarcelles de nos bois n’aient entendu une syllabe de français ou d’anglais ».

Selon Danielle Cyr (1992), la langue innue est, à l’instar de plusieurs autres langues amérindiennes, de type « incorporant » ou « agglutinant », c’est-à-dire qui offre :

... la possibilité de construire des mots si complexes qu’ils incorporent une quantité de sens souvent équivalente à celle qui est contenue dans toute une phrase d’une langue, le français par exemple.

Le linguiste Gérard McNulty, auteur d’une grammaire de l’innu, faisait l’éloge du « fonctionnement harmonieux de l’intellect montagnais tel que révélé par la systématique de la langue ». Il est vrai que cette langue, développée par un peuple nomade de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs depuis des millénaires, permet de décrire de façon extrêmement précise les réalités géographiques, fauniques, floristiques, etc., de la forêt boréale. Par exemple, il existe une vingtaine de termes en innu désignant le caribou, non seulement selon son sexe, mais selon son âge, sa provenance, sa condition physique, etc.

Innu-aimun en tant que langue agglutinante

Au sujet du caractère agglutinant de la langue innue, voici deux exemples :

Exemple 1
Tshishkutamatsheu : il enseigne
+
Mitshuap : maison
=
Tshishkutamatsheutshuap : ÉCOLE

Exemple 2
Mishta : grand, qui a de l’ampleur (préfixe)
+
Tshishkutamatsheu : il enseigne
+
Mitshuap : maison
=
Mishtatshishkutamatsheutshuap : COLLÈGE

Innu-aimun en tant que langue spécialisée

Au sujet de la spécialisation de la langue innue, voici des exemples de termes concernant le castor canadien (Castor canadensis) :

Amishku = castor
Amishkukan = os du castor
Amishku-pimi = huile de castor
Amishkushtau = il pose un piège de castor
Amishkushkau = c’est un endroit où il y a beaucoup de castors



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